Le constat, non seulement des experts et des spécialistes, mais aussi de la majorité écrasante des Tunisiens, est alarmant. Beaucoup d’entreprises publiques n’avancent pas comme leur statut l’exige. Les chiffres et leurs états financiers font froid dans le dos. La Transtu, par exemple, est sous le poids de près de deux milliards de dinars d’endettement. Autre entreprise qui inquiète autant qu’elle désole : la Rnta, qui détient le monopole de la production et la commercialisation du tabac, des allumettes et les jeux de cartes, a vu ses dettes s’envoler à 590 millions de dinars en 2021. Les exemples des entreprises déficitaires ne s’arrêtent pas là. La liste est encore longue et l’on peut, dès lors, imaginer le gâchis qu’un tel manquement peut avoir sur le budget et sur les finances de l’Etat. L’on peut aussi comprendre pourquoi la patience devient insoutenable. Mais une chose est sûre: ces entreprises ne vont certainement pas se restructurer et se réorganiser dans la facilité et sans des solutions radicales. Dans un contexte économique et social aussi contraignant qu’impérieux, ces entreprises sont encore dans l’incapacité de remonter la pente. Leurs chances de redressement sont toujours imperceptibles, pour ne pas dure dérisoires.
Il y en a qui ont même entrepris leur reconstruction depuis une longue période, sans parvenir pour autant aux résultats escomptés, en dépit des fortes dépenses engagées à cet effet.
A l’origine, des politiques, des modèles et des stratégies largement en déphasage avec la réalité. Mais surtout une incapacité de faire valoir une vision et un projet de reconstruction valables. Les spécialistes de l’équilibre et les observateurs avertis évoquent des défections bien au-delà de ce qu’on peut imaginer. Ils s’indignent surtout de l’absence de compétences et des aptitudes requises, mais aussi des profils et des attributions professionnelles exigés.
Les recrutements engagés, loin, beaucoup loin, des critères de qualification avaient inéluctablement mené le pays là où il est aujourd’hui. Les entreprisses qui sont aujourd’hui en difficultés financières ont été non seulement très mal gérées tout le long de la décennie noire, mais avaient subi un excédent incompréhensible dans leurs effectifs. Ce qui a fortement impacté la masse salariale, devenue au fil des années complètement ingérable. Au lieu de défricher plus loin et tendre vers une gestion efficiente, les décideurs de l’époque n’avaient au fait excellé que dans les rôles d’éminence grise.
A des années lumière des hommes qui ont écrit l’Histoire du pays, ils ont fait un fort mauvais usage des notions et des valeurs du travail. L’abandon des grands principes a engendré un gâchis qu’il est difficile de faire disparaître d’un seul coup, encore moins la réalité à laquelle la Tunisie s’identifie aujourd’hui.
Parce qu’on avait curieusement tardé à y voir de près, pour faire le point et surtout aussi les comptes, le sort de la plupart de ces entreprises publiques est aujourd’hui scellé. Il tient désormais à peu de choses…